Tous dépendants – tous prosthétiques. Retour critique sur les approches relationnelles du handicap
Jeudi 28 Septembre 2017

Événement organisé par Christophe Lejeune
Jeudi 28 Septembre 2017, 15h-17h, B31, Salle du conseil, Institut de Recherche en Sciences Sociales (IRSS)

Conférence de Myriam Winance
Depuis les années 1980, la manière d'analyser le handicap, en sciences sociales, a considérablement évolué, passant d'une approche considérée comme individuelle à des approches sociales, et influençant notre manière de penser « l'humain », le « normal ».

• Les Disability Studies, dans les années 1970 et 1980, défendent un modèle social du handicap, qu'elles opposent à un modèle médical. L'apport du modèle social est d'analyser les processus sociaux d'exclusion des personnes handicapées. Le handicap est alors défini comme le résultat d'une interaction avec l'environnement physique ou social.
• Dans les années 1990 et 2000, la sociologie des sciences et des techniques s'intéresse elle aussi au handicap et montre que les in/capacités des personnes, loin d'être des qualités intrinsèques des personnes, sont définies à travers les relations à des « entités humaines et non-humaines », relations dans lesquelles la personne est incluse.
• L'éthique du care, à la même époque, met elle l'accent sur les relations de dépendance qui définissent tout individu et sur les enjeux moraux liés à ces relations : les valeurs liées au care sont proposées comme alternatives à celles liées à la justice.

Ces trois approches ont en commun de mettre en évidence la dimension relationnelle constitutive de toute personne ; elles aboutissent à des affirmations telles que « nous sommes tous dépendants », « nous sommes tous dotés de capacités et incapacités », voire même, lorsque l'accent est mis sur la relation à la technique, « nous sommes tous prosthétiques ». Dans mon intervention, je reviendrai sur ces approches relationnelles du handicap et je m'interrogerai à la fois sur leurs apports et leurs limites. Je m'interrogerai sur les présupposés de chacune, sur la manière dont chacune a redéfini le handicap en lien avec une conception du corps (et du rapport à la technique), une conception de la personne (du sujet / de la subjectivité / de la normalité), une conception de la société (de l'environnement). J'évoquerai les questions que chacune laisse en suspens et des pistes pour poursuivre la réflexion sur la double question : comment penser le handicap ? / comment penser la normalité ?

Cet événement fait partie d'une série

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